Les livres de atelier Hart Berteloot, architectes

Bien plus qu’une agence, Heleen Hart et Mathieu Berteloot ont mis en place un véritable atelier d’architecture : un outil collaboratif pour construire le monde qui vient ; un lieu de pratique intense et élargie du travail architectural, à toutes ses échelles et dans toutes ses dimensions, de l’étude historique à la conduite des chantiers ; une plateforme de dialogue et de coopération avec les autres champs de la création (art contemporain, design, arts appliqués), les divers domaines de la pensée (histoire, philosophie, anthropologie) et les différentes entités impliquées dans une opération (maîtrise d’ouvrage, bureaux d’études, habitants, artisans, compagnons, entreprises, etc.). Fort de ses compétences multiples et de son engagement éthique et écologique, l’atelier Hart Berteloot est à même de penser et de mettre en œuvre les transitions que le changement climatique nous impose et de projeter, sans dogmatisme ni tabou, une architecture qui dure dans un avenir possible.

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/ La vie solide, la charpente comme éthique du Faire, de Arthur Lochmann, Edition Payot

Arthur Lochmann retrace ici son parcours de juriste devenu charpentier, découvrant dans le travail manuel une sagesse du "faire" ancrée dans le réel, la rigueur et le temps long. Il y développe une réflexion philosophique sur la valeur de l'artisanat comme résistance aux logiques de vitesse, d'abstraction et d'efficacité immédiate propres à la modernité – ce livre pourrait faire écho aussi au livre d’Harmut Rosa, accélération.

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/ On y voit rien, Descriptions, de Daniel Arrasse, Edition Folio essais

Daniel Arasse explore, à travers de courts récits consacrés à quelques œuvres de Velázquez, Titien, Bruegel ou Tintoret, ce que l’on pense voir dans ces tableaux, pour mieux en révéler les subtilités cachées. Il montre ainsi que comprendre une œuvre ne relève pas d’abord du savoir historique, mais d’une attention fine aux détails et d’un véritable dialogue entre le regard du spectateur et l’intention de l’artiste — une démarche précieuse à transmettre à tout bon étudiant en architecture.

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/ Éloge du carburateur, Essai sur le sens et la valeur travail, de Matthew B.Crawford, Edition la découverte Poche

Matthew B. Crawford raconte son passage d’une carrière intellectuelle de philosophe à la réparation de motos, pour interroger la manière dont la société aujourd’hui dévalorise le travail manuel. Il y défend l’idée que le travail concret, qui engage à la fois le corps et l’intelligence, procure une liberté et un sens. Il y éclaire en filigrane, la question de la déqualification progressive de la main-d’œuvre, un phénomène visible sur les chantiers du bâtiment, où les savoir-faire sont fragmentés ou remplacés par des logiques d’exécution standardisée. Il montre que cette évolution appauvrit le rapport au travail, en ôtant aux ouvriers la maîtrise, l’autonomie et la fierté qui naissent d’un geste pleinement compris et maîtrisé.

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/ Le pavé de Paris, de Emmanuel Guibert, Edition Futuropolis

Ce livre au format d’un pavé est un recueil, une déambulation dans Paris à travers plus de 400 dessins tous aussi incroyable les uns que les autres. Mais ici chacun de ces dessins est une expérience et recherche graphique unique et spécifique à la situation dessinée.

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/(Les géants), de JMG.Le Clèzio, Edition Gallimard

Il s’agit d’une dystopie qui critique la société de consommation moderne. L’histoire suit un narrateur anonyme qui explore une immense structure appelée "Hyperpolis", une ville-centre commerciale gigantesque, symbole d’un monde déshumanisé, dominé par les médias, la publicité et la consommation. Le Clézio dénonce ici la manipulation et l’aliénation de l’individu mais aussi la perte de lien avec la nature et la liberté. 50 ans après sa publication en 73, l’ouvrage résonne malheureusement à l’heure d’aujourd’hui.

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/ Peter Markli, Dessins (1980-2023), Edition Caryatide

A la fois incroyable pour la qualité et la quantité de dessins réuni dans ce magnifique livre objet des éditions Caryatide qui méritent à eux seule d’être souligné pour l’exemplarité de leur travail d’éditeur.

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/ Sigurd Lewerentz, A trip to Italy, Edition 2G

Il est difficile de choisir parmi les quelques ouvrages consacrés à Sigurd Lewerentz, dont l’œuvre, revient très souvent sur la table à dessin à l’atelier. Ce petit livre rassemble ses photographies personnelles prises lors de son Grand Tour en Italie dans les années 1910 : des images fragmentaires et énigmatiques de vestiges antiques, où le regard se fixe sur la matière et les détails, révélant les fondements de son œuvre.

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/ L’empreinte, de Georges Didi Huberman, Edition Centre Georges Pompidou

Ce catalogue accompagne une exposition présentée en 1997 au Centre Pompidou, qui a profondément marqué mon parcours. Georges Didi-Huberman y explore la notion d’empreinte comme un paradigme de la ressemblance, en analysant son rôle dans l’histoire de l’art, de la préhistoire à l’art moderne, avec des œuvres de Duchamp, Rodin, mais aussi Antony Gormley.

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/ L’informe : mode d’emploi, de Yves-Alain Bois et Rosalind Krauss, Edition Centre Georges Pompidou

Ce second catalogue accompagnait l’exposition L’informe, mode d’emploi, présentée au Centre Pompidou en 1996. Au-delà de son exploration de la notion d’informe cher à Georges Bataille (outil critique destiné à déstabiliser les catégories établies), il constitue à mes yeux un petit manifeste : par sa forme, un glossaire audacieux comme outil de lecture, et par son fond, en proposant une relecture stimulante de l’histoire de l’art à travers les figures de Marcel Duchamp, Cy Twombly, Robert Smithson ou encore Gordon Matta-Clark.

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/ Spolia, de Gilles Saussier, Edition Le point du Jour

À travers une enquête photographique portant sur la Colonne sans fin de Constantin Brâncuși, érigée en 1938 dans les Carpates méridionales, Gilles Saussier analyse la réutilisation de matériaux et d’éléments architecturaux anciens dans de nouvelles constructions, montrant comment ces fragments incarnent un dialogue entre histoire, mémoire et création artistique. Ce livre a d’ailleurs inspiré le nom du studio de projet que je co-dirige avec Véronique Patteeuw à l’ENSAP Lille, en résonance avec cette thématique de la spolia.

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/ Trilogie : Jean Patrick Fortin architectes, Architectures modernes à Caprino Veronese, Texte d’Olivier Namias , Photographie Luc Boegly, éditions Avenir Radieux

Ce livre illustre parfaitement ce que l’on attend d’une photographie d’architecture. Luc Boegly parvient ici à saisir avec justesse l’essence de trois modestes projets réalisés dans la commune italienne de Caprino Veronese. C’est également une belle manière de saluer le travail courageux et remarquable des éditions Avenir Radieux (Pesmes), qui viennent de publier leur troisième trilogie, consacrée cette fois à Gilles Perraudin.

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/ OMA/Rem Koolhaas - 1987-1993, El croquis n°53

Tout simplement le premier livre d’architecture acheté alors que j’étais jeune Lycéen à la fois par curiosité et pour comprendre ce qui se construisait à Euralille et qui était un des plus grand chantier d’Europe.

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/ Leçons d’architecture, de Herman Hertzberger, Edition In folio

Livre un peu oublié lu en première année d’architecture et qui fait encore écho pour moi aujourd’hui. Dans Leçons d’architecture, Herman Hertzberger partage ses réflexions et expériences pour montrer comment l’architecture doit favoriser l’adaptabilité, la convivialité ou encore la participation des utilisateurs dans la conception de l’architecture.

C’est un peu une sorte de lettre à un jeune architecte.

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/ Méthodes, Atelier Pierre Hebbelinck et Pierre Dewit architectes, Sous la direction de Cédric Libert

Initialement conçu comme un des éléments constitutifs de l’exposition « Méthodologie du Sensible » présenté en 2008 à la Galerie d’architecture à Paris, il s’agit pour moi d’une des plus belle monographie d’architectes. Une boite à outil pour penser et faire architecture.